Les 10 premières saisons des Violons du Roy
La folle aventure !Les Violons du Roy en 1989.
Photo : KEDL
Le tout premier concert des Violons du Roy a lieu le 14 octobre 1984 à l’Université Laval, l’alma mater de Bernard Labadie. Ses complices de la première heure, la violoniste Nicole Trotier et le claveciniste et organiste Richard Paré, ont été formés au Conservatoire de musique de Québec. Ancien étudiant en chant à l’Université, Bernard Labadie peut compter sur un groupe vocal exceptionnel, les chanteurs de l’École de musique de l’Université Laval, duquel naîtra l’Ensemble vocal Bernard Labadie. Ce sont donc les forces vives des deux institutions d’éducation musicale de Québec qui ont permis la naissance des Violons du Roy dont les musiciens avaient d’abord été réunis, un an avant leurs débuts officiels, pour soutenir les chanteurs d’une production de Didon et Énée de Purcell qui scellera la vocation de chef de Bernard Labadie.
Le 5 décembre 1987, c’est aux Violons du Roy et au jeune chef Bernard Labadie qu’est confiée l’interprétation d’extraits du Requiem de Mozart pour les funérailles d’État de l’ancien premier ministre du Québec René Lévesque, en la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Les noms de l’orchestre et du chœur, ce dernier alors nommé Ensemble vocal Bernard Labadie, seront évoqués à quelques reprises lors de bulletins de nouvelles télévisés, faisant en sorte que bien des gens du Québec et du Canada apprendront leur existence.
Il en est autrement des mélomanes de la ville de Québec qui, déjà depuis 1984, suivent avec grand intérêt les activités des deux nouveaux ensembles. Même phénomène auprès des auditeurs de la chaîne culturelle de Radio-Canada, celle-ci ayant débuté la diffusion de leurs concerts dès… 1985 ! Ceci démontre la vitesse à laquelle la qualité du travail de Bernard Labadie et de ses collègues a su attirer l’attention du public.
Il est parfois bon d’être jeunes, fous et audacieux. C’est exactement ce qui a permis à Bernard Labadie, à Nicole Trotier et à tous leurs complices, chanteurs et instrumentistes, de se jeter à l’eau et de poser les bases de deux ensembles qui allaient durablement se démarquer ici et bientôt à l’étranger.
En plus de l’audace, il y a le talent, le travail acharné, les rencontres au bon moment. Le jeune Bernard Labadie est passionné par l’œuvre de Bach et par la musique baroque. Les choses se mettent rapidement en place à partir de son entrée à l’École de musique de l’Université Laval (qui deviendra la Faculté de musique en 1997), avec l’appui éclairé de figures importantes : Michel Ducharme, Antoine Bouchard, Élise Paré-Tousignant.
La première décennie
Tout va très vite durant la première décennie, de la saison 1984-1985 à celle de 1993-1994. Au début, le jeune chef n’a pas encore obtenu son baccalauréat ! Ce sera fait à la seconde saison du nouvel orchestre de chambre. La violon solo Nicole Trotier, qui est aussi membre de l’Orchestre symphonique de Québec et de l’Ensemble Nouvelle-France, ira en Europe étudier le violon baroque en 1986. Elle créera ensuite avec ses collègues le Quatuor Québec en 1987 et la Bande baroque en 1990.
La structure administrative des Violons du Roy se met en place grâce au premier directeur général Jean Turgeon et aux premiers bénévoles dont une bonne partie de la famille Labadie et des proches des musiciens. Un premier conseil d’administration est établi en 1986, autour de sa première présidente, Charlotte Lapointe.
Les étapes se franchissent à vitesse grand V :
• Première production du Messie en décembre 1987
• Adoption systématique des archets baroques en 1988
• Première tournée en Europe (Belgique) en 1988 avec le flûtiste belge Marc Grauwels
• Premier enregistrement de disque en 1989
• Premier concert au Festival Orford en 1989
• Premier concert au Festival de Lanaudière en 1990
• Débuts en Espagne en 1990
• Débuts en France en 1991
1992, une année charnière
En 1992, Les Violons du Roy connaissent une véritable révolution : le calendrier de plus en plus chargé des musiciens les empêche de cumuler leurs fonctions à l’Orchestre symphonique de Québec et au nouvel orchestre de chambre. Il faut choisir entre les deux. Or, en choisissant Les Violons du Roy, c’est un pas vers l’inconnu ! L’organisation parviendra-t-elle à vivre de façon autonome et à offrir suffisamment de travail aux musiciens pour lui permettre de poursuivre sa lancée ?
Nouveau pari, nouvelle audace. De nouveaux musiciens s’ajoutent à l’orchestre, suite aux premières auditions tenues dans les règles de l’art. C’est à ce moment que la violoniste Michelle Seto se joint aux Violons du Roy.
En cette même année 1992, Les Violons du Roy s’entendent avec la firme américaine Dorian pour l’enregistrement d’une suite de disques qui seront déterminants pour le progrès et surtout, le rayonnement de l’orchestre aux États-Unis.
De décembre 1992 à mai 1994, Les Violons du Roy enregistrent quatre albums, incluant Simphonies des noëls et Stabat Mater (de Pergolesi et de Vivaldi) qui vont grandement contribuer à son rayonnement, tant au pays, notamment via les ondes de Radio-Canada, qu’à l’étranger. La presse spécialisée reconnaît la qualité de leurs productions. Agents et diffuseurs s’intéressent de plus en plus à ce que proposent Les Violons du Roy.
La première décennie s’achève sur des défis de croissance et les perspectives d’un rayonnement encore plus grand à venir...