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3 février 2025

Entrevue avec Kelly-Marie Murphy

Découvrez l'entrevue du codirecteur général – directeur artistique des Violons du Roy, Laurent Patenaude, avec la compositrice canadienne Kelly-Marie Murphy à la veille de la création de Found in Lostness pour violon et orchestre à cordes, une œuvre composée pour Kerson Leong et Les Violons du Roy.

LP Que saviez-vous de Kerson Leong et des Violons du Roy quand vous avez été approchée pour composer pour eux ?

KMM Je connaissais Les Violons du Roy principalement comme un ensemble de musique ancienne, jouant de la musique baroque avec des archets historiquement justes et avec moins de vibrato. Je savais aussi qu’ils forment un ensemble lauréat de quelques prix JUNO.

Kerson Leong est un soliste très respecté et recherché. J'ai eu le grand plaisir de le rencontrer au Toronto Summer Music Festival il y a quelques années. C'est un musicien brillant et qui a une présence captivante sur scène.

LP Que faites-vous en premier quand vous amorcez la composition d’une nouvelle œuvre ?

KMM Dans le cas d’un concerto, comme c’était le cas ici, j'essaie de comprendre ce que recherche le soliste. Je pense que les concertos sont des espaces pour être sérieux et pour dire quelque chose d'important ou d'instructif. Kerson et moi avons eu une réunion autour d'un café, fin mars 2024. Je lui ai demandé quel genre de musique l'inspirait, quel genre d'images, quel genre de poésie. Juste des questions générales qui m'aident à comprendre la personne derrière l'instrument.

Avec ce type d’informations, je peux commencer à réunir des idées et réfléchir à la manière de raconter une histoire. La musique communique de plusieurs façons et il est important pour moi de veiller à emmener le public en voyage avec moi.

LP Que vous inspire le violon en tant qu’instrument soliste ?

KMM Eh bien, en toute honnêteté, c'est seulement la deuxième fois qu'on me demande d'écrire un concerto pour violon. C'est très excitant (et un peu effrayant !) d’apporter sa contribution à un répertoire si profond et qui couvre non seulement des siècles, mais aussi des musiques de titans parmi les compositeurs.

LP Vous aviez déjà écrit cinq œuvres pour orchestre à cordes. Qu’est-ce que vous aimez dans ce type d’ensemble ? Qu’est-ce que cela vous permet ?

KMM Il est toujours intéressant de revenir sur n’importe quel medium et de voir ce qui a été appris et absorbé. Certes, je pense que les compositeurs veulent voir des améliorations dans chacune de leurs pièces, mais je pense qu'ils veulent aussi essayer de nouvelles choses. Il y a des choses qu’un ensemble à cordes peut très bien faire. L’ignorer ou s’y opposer serait insensé. Mais il s’agit de s’assurer de raconter une histoire claire. Quel que soit le style de musique que l’on écrit, cela doit être intéressant.

LP Dans cette nouvelle œuvre, y a-t-il des choses que vous expérimentez pour la première fois ? Aviez-vous déjà écrit pour la contrebasse comme vous le faites ici dans cette œuvre, comme pour le solo qui ouvre la pièce ?

KMM Je pense avoir appris différentes choses en écrivant cette pièce. Le premier défi pour moi était d’associer le violon solo à l’ensemble à cordes, comment pourrais-je faire en sorte que cette voix solo se différencie de celle de l’ensemble. En écrivant un concerto avec, par exemple, un orchestre symphonique, on a une palette de couleurs plus large : percussions, harpe, etc. Je voulais aussi apprendre à développer une approche plus lyrique de la basse. J'espère que mon écriture de la basse s'améliore.

LP Comment avez-vous choisi le titre de l’œuvre, Found in Lostness, qui pourrait se traduire par « Trouvé dans la perte » ? Est-ce qu’il s’y cache une notion d’espoir ?

KMM Le titre a, en fait, été suggéré par Kerson. Nous savions que c'était une pièce sur la perte... « Perdu » peut signifier beaucoup de choses ! Nous pouvons être perdus physiquement, spirituellement ou émotionnellement, par exemple. Nous pouvons perdre des choses et partir en quête pour les retrouver. Se perdre est déconcertant, mais, comme lorsqu’on fait des erreurs, c'est aussi un chemin vers la découverte et la croissance. J'ai laissé la fin un peu énigmatique : a-t-on trouvé quelque chose ? Si vous trouvez quelque chose, est-ce que cela met fin à la recherche d'autre chose ? Le violon solo est en quelque sorte la lueur d’espoir dans cette histoire. Le voyage continue.